S.E. M.
Bernard Kouchner
Ministre des
Affaires Etrangeres de la Republique Francaise
37, Quai
d’Orsay
F - 75351
PARIS
Washington, le
28 mai 2007
Monsieur le
Ministre,
C’est en tant que
représentants du Conseil mondial de la Révolution du Cèdre et au nom de
la très grande majorité des Libanais de toutes les communautés qui s’est
mobilisée pour mettre fin à l’occupation syrienne du Liban que nous nous
permettons de soumettre à votre attention l’inquiétude profonde que
suscite la visite qu’effectue le Général Michel Aoun en France.
Le Général Aoun
prétend représenter la majorité des Chrétiens du Liban et s’érige, à ce
titre, comme seul représentant légitime de cette communauté. Certes,
lors des dernières élections législatives au printemps 2005 ses
candidats avaient recueilli la majorité des suffrages des Chrétiens mais
c’était pour exprimer, à l’époque, leur soutien au courant
indépendantiste qu’incarnait à leurs yeux le Général Aoun face à la
Syrie et ses alliés au Liban, principalement le Hezbollah.
Or, depuis, le
Général Aoun a changé de bord en s’alignant sur les positions de l’axe
Téhéran – Damas, se retournant ainsi contre ses alliés du courant
souverainiste au Liban et trahissant les électeurs qui lui avaient
apporté leur appui. Il a notamment accueilli dans le groupe
parlementaire qu’il préside un membre officieux du Hezbollah et l’un des
symboles de la répression et des pires exactions commises sous
l’occupation syrienne. Son mouvement politique, le prétendument appelé
« Courant patriotique libre », s’est allié, outre le Hezbollah, à tous
les partis, groupuscules et personnalités qui s’acharnent depuis trente
ans à détruire l’Etat libanais et à diluer la nation libanaise au sein
d’une « Grande Syrie » pour le compte du régime baasiste de Damas ou au
nom d’idéologies totalitaires.
Se prévalant d’une
popularité dont il ne bénéficie plus depuis longtemps dans la réalité,
le Général Aoun s’acharne à empêcher l’aboutissement de la Révolution du
Cèdre en assurant une couverture politique au Président de la
République installé par l’occupant syrien, en s’activant, malgré ses
dénégations, à empêcher la création du Tribunal international chargé de
l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri et des
assassinats politiques qui ont suivi, en sabordant toute entente interne
sur la délimitation des frontières avec la Syrie et sur la nécessité
d’établir des relations diplomatiques avec ce pays, en réfutant les
accusations portées par la communauté internationale contre les régimes
de Damas et de Téhéran d’œuvrer à la déstabilisation du Liban, en
poussant à outrepasser la légalité constitutionnelle, en appelant
ouvertement à l’insurrection. De plus, le Général Aoun ne cesse de
rejeter ouvertement la légalité internationale, dénonçant notamment les
résolutions 1559 et 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, et se prononce
publiquement contre le désarmement du Hezbollah.
Dans ce contexte,
le « Courant patriotique libre » a signé un « Accord d’entente » avec le
Hezbollah faisant de lui un allié et un complice de cette organisation
terroriste, au mépris du sentiment national de la très grande majorité
des Libanais et de leurs aspirations à un pays souverain, pacifié et
démocratique, et parmi lesquels la quasi-totalité des anciens électeurs
du Général Aoun et de ses partisans les plus fidèles.
Faut-il encore le
rappeler, le Hezbollah, figurant sur la liste des organisations
terroristes de nombre d’Etats, est directement responsable de l’attentat
contre le poste Drakkar qui a fait 52 morts parmi les soldats français
venus au Liban en mission de paix, de l’enlèvement, la séquestration
dans des conditions abominables, la torture et parfois la mort de
nombreux ressortissants français parmi lesquels des diplomates, des
journalistes et des universitaires. Cela sans compter les très
nombreuses actions terroristes contre des personnes et des intérêts
d’autres pays, au Liban et ailleurs dans le monde. Le Hezbollah,
soutenu, armé et financé par l’Iran d’Ahmadinejad avec la complicité
active de la Syrie, milite ouvertement pour l’établissement d’une
République islamique au Liban, rejette officiellement toute solution
négociée au conflit du Proche-Orient et prône la violence comme moyen
légitime de l’action politique.
Monsieur le
Ministre
Lors de sa visite
en France, le Général Aoun sera en réalité l’ambassadeur « présentable »
du Hezbollah et cherchera au cours de ses rencontres à défendre son
alliance avec lui et à promouvoir leurs thèses communes. Nous pensons
qu’il serait dommageable pour le Liban auquel nous aspirons et pour
lequel la France a tant donné que le Général Aoun soit reçu par des
officiels français ou par des responsables politiques ou qu’il soit
autorisé à prendre la parole en public. Nous pensons qu’il serait même
judicieux d’envisager de lui interdire l’accès au territoire français
car son discours cherchera à conférer de la respectabilité au Hezbollah
en réfutant sa nature terroriste et ne manquera pas de s’attaquer à
l’action de la France en faveur du Liban ce qui pourrait contribuer à
porter atteinte à la sécurité nationale pour l’écho qu’il ne manquerait
pas d’avoir auprès de certains milieux bien connus en France.
Mr le Ministre,
Les Libanais se rappellent bien
de votre action an faveur des populations civiles durant la periode
difficile de 1989, lors des bombardements Syriens. Nous esperons que
vous continuerez a soutenir la lutte de ce peuple ami de la France et
Francophone.
Certains que votre
action s’inscrira toujours dans la tradition historique de la France en
faveur d’un Liban indépendant, libre et souverain, nous vous prions de
bien vouloir agréer, Monsieur le Ministre l'expression de notre plus
haute considération et de notre plus profond respect.
Joseph P
Baini ..
Chairman
Australia
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